Erika Sawauchi, franco-japonaise étudiante en photojournalisme en Angleterre depuis quelques années n’imaginait pas qu’un mail envoyé à Badmintonphoto déboucherait sur une telle aventure : début mars, sans aucune expérience, elle se retrouvera à photographier les plus grandes stars mondiales avec une fin de tournoi assez incroyable… Voici son journal de bord.
Étudiante au Royaume-Uni et passionnée de badminton, j’étais venue au All England en tant que spectatrice en 2018 et 2019. C’est là que j’avais déjà pu remarquer les photographes sur le bord des courts avec un matériel impressionnant. Alors en licence de photojournalisme spécialisée dans le sport, cela me donnait encore plus envie d’apprendre les techniques pour capturer cette discipline difficile à immortaliser.
Je décidais alors de contacter Raphaël, le directeur de l’Agence Badmintonphoto qui est l’agence officielle de la BWF, pour faire une demande de stage et demander des renseignements sur comment progresser dans le métier de photographe de sport. Ce n’était pas possible immédiatement, mais quelques mois plus tard, il revenait vers moi pour me proposer de faire un stage avec eux lors du All England 2020 – le plus grand tournoi au monde !
« À ce moment, je ressens beaucoup d’appréhension – à la fois pour voyager, mais également parce que le monde du badminton était dans l’incertitude la plus totale »
Novembre 2019 : ouverture des demandes d’accréditation pour le tournoi. S’en suit une longue attente avant de recevoir une réponse définitive – il faut montrer patte blanche pour cet événement exceptionnel, ce qui me m’inquiète un peu car je n’ai à mon actif que peu de manifestations sportives. Je compte sur l’Agence pour que cela passe quand même. Il me faudra attendre jusqu’au mois de janvier pour que tout soit confirmé et que je puisse réserver mes billets d’avion. Une semaine après, le virus COVID-19 commence à faire la Une des médias. À ce moment, je ressens beaucoup d’appréhension – à la fois de voyager, mais également parce que le monde du badminton était dans l’incertitude la plus totale – les tournois des semaines suivantes étaient annulés les uns après les autres, tout comme l’Open d’Allemagne, juste avant. Ce n’est qu’une semaine avant le début du tournoi que l’on apprend que la 110e édition du prestigieux All England sera maintenue…
Arrivée à Birmingham la veille de la compétition - mardi 10 mars, je me rends à l'Arena Birmingham chercher mon accréditation et visiter les lieux pour me familiariser. Je rencontre Raphaël et Yohan, l’un des photographes attitrés de l’Agence, qui commencent par m’expliquer le processus d’exportation des photos vers le fil photo « le Wire » où les clients et joueurs ont accès direct à leurs photos. Le service proposé est assez unique dans le monde du sport. J’accompagne aussi Raphael qui doit faire un shoot avec les Adcocks pour la promotion d’un prestataire local.
Mercredi 11 mars, début de la compétition. Je ressens beaucoup d’excitation de pouvoir commencer à prendre des photos. Je prends mon matériel – l’occasion de tester les derniers boîtiers et objectifs sur le marché que j'avais à disposition par l'Agence - je récupère ma veste dédiée aux photographes et me voici lâchée dans l’arène…
Pour ma première journée, pas de pression : on me laisse libre de prendre en photo qui je veux, à mon rythme, pour me familiariser avec la lumière, les positions photo assez précises... Le premier match du tournoi est déjà lancé : Jonatan Christie contre Lee Zii Jia sur le court Minoru Yoneyama, ainsi nommé en hommage au fondateur de Yonex disparu il y a quelques mois. C’est une sensation bizarre de me retrouver à quelques mètres d’athlètes que je n’avais vu seulement qu’à travers un écran jusqu’à présent – je suis fan de badminton par ailleurs, membre active de mon équipe à l’Université. Je prends mes marques, et, peu à peu, m’habitue. La journée passe vite malgré la fatigue et le décalage horaire, pas encore tout à fait digéré. Le soir même j’ai la surprise et le grand plaisir de voir quelques-unes de mes images sur les réseaux sociaux d’athlètes et sur les sites de plusieurs clients de l’Agence, publiant dans les langues du monde entier !
Jeudi 12 mars. La journée commence par un bilan sur la veille et je vois avec Raphaël ce qu’il y a à améliorer, ce qui est bien, et quelques idées d'images auxquelles je n’aurais pas pensé et que l’Agence a l’habitude de prendre pour ses clients. Avant de descendre shooter aux bords des courts, Raphaël me donne comme mission de capturer Lin Dan et Chen Long sur une même photo pendant leur match - du point de vue du public. Challenge intéressant, surtout avec ces deux légendes du badminton…
De retour près des courts et avec les conseils que l’on vient de me donner en tête, je me concentre à prendre des clichés différents de ce que j’ai l’habitude de prendre. Parfois compliqué - je n’arrive pas à obtenir les résultats que je cherche. Longue journée et le jetlag ne m’aide pas non plus. C’est frustrant mais je reviendrais le lendemain avec les idées plus claires. Je réussis néanmoins à envoyer des images sur le Wire, prêtes à être publiées, quelque part, loin d’ici.
« C’est vite devenu mon endroit préféré d’où shooter avec un angle absolument incroyable »
Vendredi 13 mars, Raphaël doit rentrer en France pour une urgence familiale : on se retrouve désormais à deux pour couvrir l'événement. Yohan se charge des photos au bord des terrains et je monte pour ma part pour la première fois sur le « catwalk » pour prendre les photos au-dessus des joueurs. Cette plateforme, située tout juste sous le toit du bâtiment, est un endroit difficile d’accès, où il faut demander une autorisation spéciale et où seuls quelques photographes chevronnés peuvent habituellement se rendre, étant données les précautions nombreuses à prendre. Le fait que je sois estampillée « Badmintonphoto » m’ouvre ces portes magiques – cet endroit, contiguë, accessible par des rampes étroites à 40 mètres du sol m’amène juste au-dessus des courts. Il faut faire attention à ne rien faire tomber, car ce sont les joueurs qui sont juste en dessous... C’est vite devenu mon endroit préféré d’où shooter avec un angle absolument incroyable - une expérience impressionnante.
Déjà beaucoup de surprises en ce début de tournoi, et certaines « stars » ont déjà quitté la compétition - joueurs que je n’aurais pas eu la chance de prendre en photo - encore une des raisons pourquoi lesquelles le badminton est un sport imprévisible.
Samedi 14 mars, une journée passée à la fois au bord des terrains et sur le catwalk, j’arrive enfin à avoir les photos que je recherche. Après avoir comparé mes photos à celles qui sont sur le fil de l’agence, je comprends enfin comment affiner mes retouches en « post production » - une fois que les photos sont sur l’ordinateur, pour me rapprocher du niveau de qualité de l’agence. La prise de vue n’est en effet qu’une partie du travail. Il faut ensuite, le plus rapidement possible – souvent entre deux sets – remonter à notre poste, télécharger les images sur l’ordinateur, les recadrer, leur donner un peu plus de « peps » pour montrer au mieux l’aspect dynamique du sport, puis les envoyer sur le fil pour qu’elles soient disponibles au plus tôt dès la fin du match.
« Me voilà désormais seule pour couvrir la plus grosse journée de l’un des tournois les plus réputés au monde…»
Ce samedi est la journée des demi-finales, il ne reste donc qu’un seul terrain et la lumière qui éclairait à la fois le terrain d’à côté mais aussi aidait à éclairer le terrain principal est éteinte, rendant les conditions lumineuses un peu plus difficiles encore. Sans compter que le nombre de photographes au mètre carré a aussi largement augmenté – même si j’entends que c’est souvent bien pire en Asie où il faut jouer des coudes. Ici, l’ambiance entre photographes est très cordiale et conviviale.
La journée est presque finie mais les inquiétudes concernant le COVID-19 sont omniprésentes avec les mauvaises nouvelles qui arrivent d’Italie. Les organisateurs de l’Arena Birmingham ne veulent prendre aucun risque, et il est décidé que Yohan, qui toussait souvent, rentrerait plus tôt en France – par mesure de précaution, même si les médecins locaux l'ayant examiné avaient écarté a priori une éventuelle contamination. Me voilà désormais seule pour couvrir la plus grosse journée de l’un des tournois les plus réputés au monde…
Dimanche 15 mars. Le stress commence à prendre le dessus avec la peur de ne pas être à la hauteur des attentes. Mais heureusement, l’agence fait appel à un ancien collaborateur, présent sur la compétition aussi et j’ai le plaisir de recevoir l’aide d’Alan Spink. Photographe expérimenté et spécialisé dans le para-badminton, il me guidera tout le long de cette journée - je lui en suis très reconnaissante. La journée commence en fanfare avec le « Yonex Legends’ Vision », un événement où les plus grandes stars du monde se donnent en spectacle et s’amusent pour donner du plaisir aux spectateurs – j’y croise Lee Yong Dae, Lin Dan, Taufik Hidayat et de nombreuses autres stars, égéries de la marque japonaise.
Les matchs sont difficiles à prendre en photo avec 10 joueurs sur un même terrain, mais la présentation joviale et pleine d’humour m’aide à décompresser. Arrive l’heure des finales, qui s'enchaînent les unes après les autres. Difficile de tout gérer mais avec l’aide de Raphaël en France qui retouche et exporte les photos que je lui envoie sur le Wire, cela rend la tâche un peu moins complexe. La journée est remplie de matchs intenses et pleins d’émotions où j’ai l’occasion de vibrer pour mes compatriotes japonais qui remportent deux titres, dont un premier dans l’histoire du pays en double homme pour Yuta Watanabe et Hiroyuki Endo. Beaucoup de frissons à chaque podium avec ce sentiment unique, difficile à exprimer avec des mots, alors qu’on a la chance d’être témoin, au premier rang, de ces rêves d’athlètes qui se réalisent ainsi sous nos yeux…
Cette belle expérience aura ravivé mon envie de devenir photographe de sport qui, pour être honnête, commençait à disparaître. Et pour cela je suis infiniment reconnaissante à l’équipe de Badmintonphoto pour cette opportunité assez unique, ainsi qu’à toutes les personnes de cette belle communauté que j’ai pu rencontrer au All England.
Vous pouvez aller admirer les images d'Erika (du All England, mais pas que) sur son portfolio ici :
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