Dans quelques jours, les différents acteurs du badminton hexagonal se retrouveront, comme tous les ans, pour l’Assemblée générale de la Fédération. Avec des décisions importantes à prendre. Je me sens d’habitude relativement peu concerné - ou investi - par l’aspect politique du sport (même si, je suis bien conscient de l’importance de ce dernier), mais cette année, un point important va être discuté : le changement de « statut » de la Fédération. En gros, jusqu’ici, la Fédération, dans ses statuts, ressemblait à toutes les autres. Rien d’extraordinaire, quoi. Des missions en bonnes et dues formes, des moyens pour le développement, le haut-niveau. Sauf que… sauf que. Depuis quelque temps, les dirigeants de la Fédé œuvrent dans le sens d’une « performance sociale ». Vaste concept, un peu ubuesque pour certains, voire un peu flou, qu’on peut avoir du mal à comprendre, ou expliquer. Or, ce week-end, il faudra se positionner, pour les électeurs, sur un changement de statut de la Fédération, pour la faire potentiellement devenir une « entreprise à mission ». Ce qui dépasse largement le cadre fédéral traditionnel. Si le vote final pour ce changement structurel n’interviendrait officiellement qu’en novembre lors d’une AG extraordinaire, il faut d’abord passer ce premier feu vert. D’où cet édito 😊
Mais de quoi s’agit-il donc ? Je pense que nous sommes tous d’accord pour dire que le badminton est exceptionnel. A bien des niveaux. Pour la joie et le bien-être qu’il procure – que cela soit du joueur loisir à celui ou celle qui pratique à haut-niveau. Pour la mixité. Pour la confiance en soi qu’il génère (si si, je vous assure, notamment pour des jeunes en situation précaire). Pour la capacité à réunir des gens venus d’environnements, de genre, d’orientation sexuelle différents. De tout. Des gens en forme, et des gens beaucoup moins en forme. Des valides et des personnes en situation de handicap. Le Bad, c’est tout ça. Le Bad, c’est déjà une performance sociale en soi. De par son essence. Parce que c’est un jeu en même temps qu’un sport. Faire changer les statuts de la Fédé, c’est à mon sens, se donner les moyens de pérenniser toutes ces pratiques en assumant le rôle incroyablement fédérateur, ludique, fun, utile de notre sportn, en ajoutant une corde à notre raquette. De se dire que oui, le bad peut, doit changer des vies. N’a-t-il pas changé la vôtre, vous qui lisez ces lignes, dans la grande majorité ? N’occupe-t-il pas vos week-ends ? Vos soirées ? Vos pensées ? Vos rêves ?
D’aucun crient au scandale ! Non non, le rôle d’une Fédération n’est pas d’œuvrer pour la société ! Il y a des Associations caritatives pour cela ! Et puis, que va devenir le haut-niveau ?
J’ai une bonne nouvelle pour vous. Le haut niveau se porte bien. Très bien, même, avec des résultats – qui sont, attention, le fruit aussi des politiques antérieures à cette mandature. Mais nous avons aujourd’hui à la tête des équipes de France, de la « performance sportive » des gens enthousiastes, compétents. Et des joueurs incroyablement talentueux. Et, si j’en crois mon petit doigt, toujours pas trop mal renseigné, il y a une réelle volonté de continuer dans ce dessein de produire des champions. Attention, tout n’est pas parfait et il faut mettre un coup d’accélérateur sur les découvertes et accompagnements des jeunes pousses, notamment sur la filière féminine. Trouver des moyens supplémentaires pour aider les bons jeunes hors structure. Et plein d’autres choses, encore. Mais je peux aussi vous assurer que la France de ses élites badistiques fait envie, au-delà de nos frontières. Et que la progression exponentielle du niveau de nos joueurs sert d’exemple pour bien des nations européennes voire au-delà.
Voilà donc pour le haut-niveau : pas de panique. Œuvrer pour la société ne veut pas dire abandonner la vitrine. Quant à l’autre question sous-jacente : est-ce le rôle d’une Fédération d’œuvrer au bien-être des gens ? Sur le papier, jusque-là non. C’est là tout l’intérêt de devenir une Fédération pionnière sur le sujet. Imaginez les perspectives : devenir une entreprise à mission, pour une Fédération, c’est se donner les moyens d’aller chercher des financements complémentaires, de la visibilité, des partenariats. De s’ouvrir à d’autres mondes, d’autres ouvertures. D’être la première fédération sportive a dire, ouvertement « On peut faire autre chose pour les gens que de développer des compétences techniques. On peut leur apporter des rêves ; Des qualifications, des compétences – ça, c’est déjà fait – mais aussi du bien-être, du bonheur, une raison de vivre ». Oui, oui, je sais, vous allez encore me dire que je suis un indécrottable optimiste. J’assume. Peut-être par ce que j’ai vu le badminton qui change des vies – au sens propre du terme. Des gamins des favelas qui deviennent Olympiens, ou qui, simplement, sont arrivés à faire sortir leur famille d’une pauvreté extrême. Ou encore certains qui ont réussi à survivre après des maladies graves, grâce à notre sport. Sauver leur santé. N’est-ce pas changer des vies, ça ? On ne peut pas se dire, en connaissant cela, qu’on est une Fédération à mission ? Je pense sincèrement que si…
Et puis, nous avons la chance, je crois, d’avoir à la tête de notre Fédération un Président visionnaire en ce sens qu’il a décidé d’oser le changement. De placer le bad à un autre niveau. Sur une autre échelle. Meme si, forcément, quelqu’un qui pense différemment, ça froisse, ça « urtique ». Comme pour certains de ses prédécesseurs. Et comme toujours, on s’arc-boute quand ça arrive, avant de se dire après coup, que, finalement, ce n’était pas si mal. Comme lorsque Richard Remaud, jadis, a renversé la table et mis la France sur l’échiquier international avec une overdose de compétitions de très haut standing à organiser. Résultat : la France est aujourd’hui reconnue pour la maitrise totale des grands événements. Je partage avec Yohan Penel cette vision. De pouvoir faire du badminton un outil incroyable de cohésion sociale, de bien-être, de distributeur de bonheur. Cela peut paraitre utopiste – même si les premiers fruits de cette politique semblent déjà porter leur fruit en termes de rayonnement en dehors de la sphère purement sportive. Et puis, quand bien-même, si c’était utopiste, ne doit-on pas certaines des plus belles avancées dans ce monde à quelques-uns(e)s qui ont vu grand, qui ont rêvé à voix haute ? Surtout que, encore une fois, il n’y a pas de risque de voir péricliter ce qui se fait déjà de bien, notamment le haut niveau et l’appétence des uns et des autres pour la compétition – surtout à un an des Jeux.
On s’re parle dimanche ou lundi, pour voir si cet édito a fait écho. Ou pas 😊
Belle semaine à vous
Raphaël
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