Il n’y avait qu’à voir la mine de ceux qui trainaient encore dans les coursives de Coubertin, vers 20h, ce dimanche soir, pour ressentir cette émotion, encore palpable. Derrière les joues rosies par la chaleur et l’exaltation de finales fantastiques, du côté des spectateurs. Derrière aussi les petits yeux fatigués mais plein d’étincelles des autres acteurs de cette nouvelle édition des « Yonex » comme certains l’appellent, édition 2022 des Internationaux de France de badminton. Staff, bénévoles, encore une fois, ont été à la hauteur de l’événement et des enjeux.
Il faut d’abord rendre ici hommage aux sportifs, qui, une fois de plus, ont montré leur joie d'évoluer dans ce bel écrin, non seulement rendu célèbre par son nom mais aussi par le plaisir qu’il procure aux athlètes, tous unanimes pour dire que cette salle mythique est parmi les endroits phare de la planète badminton, parfois même comparée à la fameuse Istora Senayan de Jakarta. Avec des matchs magnifiques tout au long de la semaine et des finales d’une incroyable intensité : il n’est pas rare de voir des finales médiocres. Ce dimanche, toutes les rencontres étaient magnifiques, pleine de rebondissements, comme ce double mixte qui voyait les Néerlandais avec 4 points de match pour remporter la plus belle victoire de leur carrière avant de se faire voler la vedette par les Chinois Zheng et Huang …L’Europe a tout de même brillé en terre de Jeux.
Axelsen qui s’impose face à un autre Danois. Le mixte et Carolina Marin finalistes. Et puis, aussi coup de chapeau à Thom et Delphine, qui ont trouvé un nouveau public de supporters, tout acquis à leur cause, même si on aurait aimé qu’ils aillent un peu plus loin que ce déjà joli parcours jusqu’en quart de finale.
Mais la fête dépassait bien sûr les courts. La fête des sourires, que l’on pouvait voir à nouveau dans les tribunes, sans masque. Ce public de connaisseurs, enthousiaste, reconnu pour encourager le beau jeu plutôt qu’un drapeau. Apprécié de tous les joueurs, avec cette proximité sans pareil, y compris au troisième niveau, tout en haut du stade. Officiellement, c’était la dernière édition à Coubertin – ce qui explique peut-être le record absolu d’affluence. Mais il se pourrait bien que l’Arena de la porte de la chapelle, hôte de l’épreuve Olympique, ne soit pas tout à fait prête pour le « Test event » olympique que devait être les Yonex IFB d’octobre 2023. Ce qui voudrait dire que Coubertin aurait droit à une édition supplémentaire…
Cette édition aura été marquée, comme souvent, par bonne humeur des bénévoles, qui avaient par ailleurs fait un effort supplémentaire pour venir donner de leur temps, avec la fin de la prise en charge de leur logement. Eux, aussi et surtout, ont donné à cette fête cet éclat particulier, avec leur soirée du samedi soir dont on ne dira ici rien : « tout ce qui se déroule à la fête des bénévoles, reste à la fête des bénévoles », comme à Las Végas. Et malgré la fatigue du lendemain, tous ont tenu fidèlement leur poste pour assurer au spectacle un beau feu d’artifice d’au revoir.
Bravo aussi aux organisateurs, cette équipe d’experts passionnés, dont la compétence fait des envieux. Les Yonex IFB sont depuis toujours l’un des tournois les plus reconnus au niveau international, pour son professionnalisme, sa créativité. Avec, comme exemple, cette nouvelle façon de présenter les joueurs, avec leurs visages projetés sur les courts – une première très appréciée par les instances internationales comme les fans, qui ont suivi par centaines de milliers les retransmissions TV. Ces nouveautés ont apporté un petit supplément d’âme, faute de "fan zone", fermée pour cause de travaux. Les salariés investis ont une nouvelle fois donné du spectacle au monde entier, eux aussi, sans compter leurs heures (ah, vive le changement d’horaire du samedi soir pour dormir une heure de plus). Les IFB, c’est aussi tout ce qui se passe en dehors du terrain. Comme par exemple cette conférence de Fernando Rivas, devant un parterre d’entraineurs, qui ont bu ses paroles d’expert pour animer des sessions avec des très jeunes badistes – particulièrement inspirant. Ou comme la naissance de la Fondation de la FFbaD, 1Pacte Gagnant, un joli nom pour une très belle idée que je suivrai, forcément, avec beaucoup d’intérêt.
A titre plus personnel, j’ai toujours un immense plaisir à revoir des visages que l’on ne voit plus guère – les retraités du sport, d’anciens élus ou salariés, les gens qui ont tourné la page mais qui gardent leur passion. Avec aussi et bien sûr une pensée pour les absents, convalescents, blessés ou disparus, comme Alain Citolleux il y a quelques jours.
Avec aussi toujours ce même plaisir de travailler avec l’équipe du centre média, entre légèreté des échanges (oui, oui, on a l’humour qu’on peut ok ?) mais un grand professionnalisme de tous. Une mention particulière pour mes deux ouailles de Badmintonphoto Mika et Yohan qui ont encore fait des prouesses avec leurs boitiers photo – comme vous avez sans doute pu voir sur toutes les plate-formes qui ont relaté la compétition – réseaux sociaux des joueurs compris.
Caroline, Paul et Tarek ont quant à eux eu un grand plaisir à couvrir la compétition pour Badzine - autant que nous espérons vous en avez eu à lire leurs articles. Mention spéciale également à ma superbe équipe de bénévoles et services civiques à Solibad, qui a pu accueillir le public sur son stand, généreusement rapatrié par la FFbad dans le hall principal. Des beaux échanges avec des responsables de clubs, des passages de nos ambassadeurs, tellement adorables et disponibles (on ne mesure pas la chance que l’on a de côtoyer des champions aussi accessibles et humbles… Avec des idées nouvelles plein la tête, forcément, des envies de continuer à faire avancer le schmilblick, mettre en commun toutes les belles intentions et volontés pour aider nos programmes. Une énergie décuplée, comme après chaque édition de ce magnifique tournoi, et ce, malgré la fatigue.
Quelques minutes après la fin des matchs, déjà, les courts étaient désossés, Coubertin reprenait sa mue, sempiternelle, pour accueillir d’autres sports, d’autres passionnés. Ceux qui auront foulé les courts ou les tribunes de cette édition 2022, auront en tous cas de beaux souvenirs en commun.
Raphael Sachetat
Photos : Mikael Ropars et Yohan Nonotte / Badmintonphoto
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