A 27 ans et déjà deux titres paralympiques en plus de ces deux médailles de bronze et d’argent sur deux olympiades, Lucas Mazur est l’une des vitrines du parabadminton international. Il se confie à Badzine sur la manière dont il a vécu ces Jeux exceptionnels et l’après JOP.
Nous sommes quelques mois après ces jeux Paralympiques incroyables, comment te sens tu aujourd’hui ?
Je me sens apaisé et reposé, après une longue période de sollicitation médiatique qui a été éprouvante, mais aujourd’hui, tout va bien
Comment as-tu vécu cette aventure, en comparaison à Tokyo ?
Je l’ai vécu très différemment de Tokyo. Cela avait été dur, long, une très grosse tempête. Pour être très sincère, Paris, cela a été du plaisir de la joie et de l’amour. De pouvoir partager cela avec mes proches, de remporter ces matchs avec une grande domination, d’avoir une ambiance exceptionnelle, c’était des grands moments de bonheur.
Peux-tu nous faire partager 3 moments marquants de ces JOP ?
Le premier entrainement dans la salle principale où on prend compte de l’ampleur de l’événement. Le 2eme, c’est le premier match en mixte avec Faustine où on a complètement déjoué, on a pris un peu la foudre. Cela a été vraiment un marqueur important et une sorte de réveil où on a pris conscience que tout pouvait s’arrêter. On est dedans mais il faut vraiment jouer à fond. Le troisième moment, pour moi, je crois que c’est en chambre d’appel, avant chaque match, lorsque la personne qui coordonne les entrées avec son casque nous fait signe de patienter. Je crois que je n’ai jamais ressenti autant de frissons, juste avant que l’on voit le drapeau de la France qui s’affiche sur l’écran et que l’on doit s’avancer pour rentrer sur le court. Les décibels montent, et c’est comme rentrer dans un rêve.
Tu as eu l’occasion de croiser des personnalités, des ministres, le président Macron. Que retiens tu de ces moments là ? Je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer Tony Estanguet, mais j’ai serré la main du Président Macron. Ce sont des moments pleins de symbole puisque grâce à ces performances, on a la chance de rencontrer les plus hautes instances politiques. C’était un moment agréable et une belle reconnaissance…
Avec le recul, qu’est-ce qui aurait pu être encore mieux ?
L’après Jeux. C’est avec surprise que j’ai appris l’arrêt de plusieurs de mes partenariats commerciaux.
Avec ce nouveau titre paralympique j’espérais renouveler et même trouver de nouveaux partenaires. Pour l’instant 3 entreprises m’ont indiqué la non-reconduction de nos accords de sponsoring… à ma grande surprise. À ce sujet, j’aimerais chaleureusement remercier mon club de Chambly et l’Armée de Champions pour leur soutien indéfectible.
Ta médaille de bronze en mixte avec Faustine avait-elle plus de saveur que celle en argent de Tokyo ?
Oui elle a encore plus de valeur car c’était un moment exceptionnel. On la savoure tous les deux et on en est très fiers. Ca a été une très longue qualif. On a subi beaucoup de revers et de déceptions, donc évidemment, elle est beaucoup plus belle et il y a beaucoup de fierté de remporter cela à domicile dans une ambiance magique.
Décris nous comment, toi, tu as vécu la ferveur populaire, autour du bad, mais plus généralement autour des Paralympiques ?
J’étais étonné de voir une telle ambiance ; C’était monstrueux dans l’arena, notamment pour les demies et les finales remplies à craquer, c’était incroyable. Je pense que personne n’avait imaginé cela pour du parabad. Maintenant les Jeux sont terminés, faut continuer cette médiatisation et continuer de transmettre des résultats. On a envie qu’il y ait une durabilité pour la médiatisation de nos compétitions. On en espère forcément plus.
Qu’aimerais tu qu’il reste comme héritage de ces Jeux Paralympiques ?
J’aimerais qu’il y ait une évolution du statut des sportifs de haut niveau vis-à-vis de l’Etat. Aujourd’hui, les sportifs de haut niveau n’ont aucun statut. On est pas reconnus par l’Etat, on a pas de droits et c’est un très gros problème car on est dans une situation précaire. On a tous la chance d’avoir des contrats de sponsoring ou des CIP avec nos employeurs mais cela reste du bricolage. J’espère qu’il y aura une vraie prise de conscience pour qu’on soit protégés pour préparer correctement les plus grandes compétitions de la manière la plus sereine.
Los Angeles, tu y penses déjà ? Les Jeux de Los Angeles, je m’y projette puisque j’ai annoncé que je continuerai ma carrière. Je suis en train de construire avec la Fédération mon projet – où je vais m’entrainer, etc. mais j’aimerais forcément un triplé exceptionnel, car il me semble que cela n’a jamais été fait. Battre des records me motive, marquer l’histoire aussi, mais le chemin est encore long et il faudra déjà passer par les qualifications…
Photos : Badmintonphoto
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